Auteur inconnu - Dead Man's Fingers
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Danse macabre
Il est doux d’entendre sonner jusqu’au jour
Ses genoux creux contre les os de l’amour.
De boire dans les orbites de l’Amie
Le vieux mensonge des pleurs en eau de pluie.
Et de sentir les rayons des lunes hautes
Glisser romantiquement entre ses côtes.
Il est doux, il est sage, il est bien
De n’être plus, de n’être plus rien.
Comme on est joyeux, léger, comme on se porte
Bien, quand la vermine, la vermine est morte.
Laissons aux bardes les sinistres ballades ;
Lennore, Helen, faisons de bonnes gambades.
Écartez-vous, rue, escargots, citronnelle ;
Voici Laure, la plus gaie et la plus belle.
Il est doux, il est sage, il est bien
De n’être plus, de n’être plus rien.
Plus de maîtresse, plus de chien, plus de Dieu ;
C’est tout ce que je veux, c’est tout ce qu’il veut.
Passants là-bas, cavalier et cheval noir
Venez donc un peu par ici, venez voir.
Il s’est enfui, personne, la route sonne.
Ô comme le désir de vivre m’étonne !
Il est doux, il est sage, il est bien
De n’être plus, de n’être plus rien.
Clic-clac
de vertèbres
qui craquent
et dans les ténèbres
mélancoliques
ici, là-bas, où ?
clac-clic,
de dansantes reliques
Mains et pieds traversés de clous.
Amour remariée, entends-tu ma voix ?
Cette nuit, dis-moi, combien, combien de fois ?
Mon fils, mon fils, sais-tu déjà épeler
Mon nom sur la pierre moussue et pelée ?
Sganarelle, hi hi hi ! voici tes gages :
Treize queues de rats, trois yeux de chats sauvages.
Il est doux, il est sage, il est bien
De n’être plus, de n’être plus rien.
in Les Sept solitudes, 1906
On nous a mis des lunettes barbelées,
non pour nous empêcher de voir
mais pour qu'on sache que nos regards sont interdits.
Nos paroles ont été déformées,
on a cousu nos lèvres avec des élastiques
afin que nos sourires n'aillent pas trop loin.
Au fond de notre gorge étroite
est une rivière asséchée
où s'essoufflent les mots des autres.
Depuis qu'on nous travaille le corps,
nos cris se font aussi douloureux que la blessure.
Dedans, dehors, c'est toujours le même,
le mauvais côté de la grille ;
les forçats affranchis ont ôté leurs rayures.
Mais ils ont conservé l'uniforme
et se nomment apôtres de l'exil ;
la prison ouverte est leur église.
Dehors, dedans, où qu'elles aillent,
nos jambes sont des clôtures ;
à chaque fois qu'on s'éloigne, on parque.
Nos mains sont devenues des gants,
nos caresses de grands oiseaux effarouchés
qui prennent le ciel pour un avion fantôme.
Nous sommes libres, quelqu'un y veille ;
mais nous allons dormir entre des murs.
Le sexe des garçons, tombé, sèche au grand jour ;
celui des filles a disparu
volé par des enfants qui partent naître ailleurs,
de vrais enfants et non plus ces maladies
qui nous poussaient dans le ventre.
Mort de tout ce qui est, de tout ce qui fut et de tout ce qui sera. Mort au point de n’avoir jamais été. Seuls les rêves se transmettent de vie en vie, d’illusion en illusion, comme un relai.
Rêves au galop hennissant qui galvanisent la non-existence.
Dans le chas de l’aiguille, tout un univers se faufile.
cg in Les mots allumettes (Cardère 2012)
- c’est comme ça qu’on avance, je crois
un peu comme une mouche
attirée par
le cul d’une vache.
in Le cow-boy de Malakoff
Dans la touffeur du cœur, un mirage, un ravissement. Beauté, bonté de vivre.
La flamme d’une joie indicible.
Rythme, résonnance. Respiration un instant suspendue.
Imaginaire, imagin’eau. Imagine terre, imagine mot.
cg in Les mots allumettes (Cardère 2012)
La seule source de lumière dans toute la maison est l’allumette qui embrase sa cigarette. Et elle réalise que la seule source de lumière au monde est la flamme qui nous consume à petit feu.
in Bleu éperdument
Je peins sur la lumière j’écris dans l’atelier du diable !
je suis un prophète à la retraite anticipée achève t-il
in Oncle Bo
in Traction Brabant 65
dans sa dent creuse
un soleil
endormi
in Juste après la pluie