David Ross - Creagan Dubh
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Un jour, tu as su enfin
ce que tu devais faire, et tu t’es lancée,
malgré les voix autour de toi
qui continuaient à crier
leurs mauvais conseils,
malgré toute la maison
qui s’est mise à trembler
et tu as senti la vieille corde
à tes chevilles.
« Répare ma vie ! »
criait chaque voix.
Mais tu ne t’es pas arrêtée.
Tu savais ce que tu devais faire,
malgré le vent qui arrachait
de ses doigts raides
les fondations elles-mêmes,
malgré leur mélancolie,
terrible.
Il était déjà bien
tard, la nuit était agitée
et la route couverte de branches
cassées et de pierres.
Je sais, d’expérience, que courir le monde ne sert qu’à tuer le temps.
On revient aussi insatisfait qu’on est parti. Il faut faire quelque chose de plus.
Lambeaux qui sortent du cadre
tsunami du passé sur les rives
d'un présent déjà bien abimé
quelque chose suinte
quelque chose suppure
de la vie faire œuvre
sans chercher le sens
in en cours
Punaises écuyères à Tubre (Italie), village touché par le nuage nucléaire en 1986...
Née en 1944 à Zurich, en Suisse, Cornelia Hesse-Honegger a travaillé pendant 25 ans comme illustratrice scientifique pour le Musée d’histoire naturelle de l’Université de Zurich. Et là, depuis plus de trente ans, l’artiste sillonne les environs des centrales et autres lieux impactés par le nucléaire dans le monde entier afin d’observer les conséquences des radiations sur la faune et la flore locales. Héritière des naturalistes, elle étudie des insectes au microscope, inventorie précisément ses prélèvements et réalise des aquarelles des organismes mutants qu’elle rencontre. L’ «artiste scientifique» s’est fixé une mission : celle de montrer que les radiations même faibles émises pendant de longues périodes par des centrales fonctionnant normalement peuvent avoir des effets négatifs sur les organismes. Un véritable pan de la santé environnementale qui suscite des préoccupations croissantes. Et qui, en plein marasme climatique, trouve un profond écho dans les débats énergétiques internationaux du moment à la faveur d’un retour en grâce du nucléaire. La France n’y échappe pas. Pour Hesse-Honegger, «la crainte fondée d’un danger potentiel est une raison suffisante pour s’opposer à la mise en place de telle ou telle mesure, pratique, ou technologique, écrit Raffles. Elle lui permet de se libérer de l’ombre de la science». Adresse aux scientifiques ? A nos politiques ? Elle tance : «[…] Si je n’avais trouvé qu’une seule punaise avec le visage tordu, ça aurait été une raison suffisante de se demander ce qui cloche.» Ses aquarelles sont exposées à travers le monde dans des musées et des galeries. Sa pratique est à la croisée de l’art et de la science et de l’engagement anti-nucléaire.
Livre : Créatures de Tchernobyl, L’art de Cornelia Hesse‑Honegger, par Hugh Raffles, traduit de l’anglais par Matthieu Dumont, Wildproject «Petite bibliothèque d’écologie populaire», 100 pp., 12 €.
Liste d'autres vidéos à voir aussi qui inclus les essais dans le Sahara algérien :
http://moruroa.assemblee.pf/Texte.aspx?t=375
viens de terminer ce livre dans sa réédition à la très chouette édition Au vent des îles et j'ai beaucoup apprécié, une parole juste et essentielle :
"en 1992, Chantal Spitz écrivait, avec L’Île des rêves écrasés, le premier roman tahitien. Cet ouvrage, fondamentalement anticolonialiste, ne recule devant aucun défi dont celui, que ne renieraient pas Deleuze ni Guattari, d’ébranler, par le biais d’un récit individuel, océanien, l’assise établie d’une historicité collective, coloniale, ou encore, paradoxe ultime, de restituer à l’écrit et en français la sacralité et le souffle oratoire, performatif, d’une langue et d’un univers océaniens."
"L’Île des rêves écrasés met en scène ce malaise omniprésent qui déchire la Polynésie française d’aujourd’hui. Si son écriture semble agressive, c’est à une histoire d’amour que l’auteur nous convie. La publication en 1991 de L’Île des rêves écrasés a suscité de nombreuses réactions dans la société tahitienne, allant des appréciations les plus élogieuses aux condamnations les plus frénétiques. De courriers anonymes en appels non identifiés, la violence des attaques a été à la mesure des désordres que la lecture de ce roman a provoqués à une époque où le conformisme tenait lieu de pensée.
Douze ans après, la réédition, dans la collection Littératures du Pacifique, de cet ouvrage épuisé depuis longtemps était une nécessité."
Se fondre au fond d’un bar ne suffit plus
même refait le monde a mauvaise haleine
même avec beaucoup d’eau
accoster au comptoir ne lave plus l’âme
le rêve rame